Ce mardi 19 novembre, Patrick Hetzel, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, a enfin présenté sa feuille de route à la presse, près de deux mois après sa nomination rue Descartes. Sans surprise, sa feuille de route est à l’opposé des aspirations des étudiant·es. Patrick Hetzel se montre bien plus pressé pour réprimer les mobilisations contre le génocide à Gaza que pour agir contre la précarité, puisqu’il a annoncé repousser à la rentrée 2026 le second volet de la réforme des bourses.
La priorité de la rentrée pour le gouvernement ? La chasse aux étudiant-es mobilisé·es
pour la paix
Patrick Hetzel a annoncé la mise à disposition prochaine d’une “boîte à outil opérationnelle” destinée à “soutenir les efforts des chefs d’établissements” afin de “garantir la sérénité des études et la sécurité des campus”. Cette formule vague cache la volonté de renforcer la répression des mobilisations étudiantes sur les campus. La politique répressive du gouvernement, amorcée au semestre dernier lors du mouvement en soutien à la Palestine dans différentes universités, s’est intensifiée depuis la rentrée. À Sciences Po, quatre étudiant·es ont été exclu·es arbitrairement pendant trois semaines et une vingtaine d’étudiant·es à Saint-Etienne ont été privé·es d’accès aux locaux de leur campus pendant plusieurs jours.
En proposant de soutenir voire d’encadrer ces efforts de répression, Hetzel encourage et soutient la punition arbitraire et la stigmatisation des étudiant·es mobilisé·es pour la Palestine, au détriment de leurs libertés et de la qualité de leurs conditions d’études et de vie.
Pour ce faire, le ministre invoque le prétexte de la protection de nos universités contre “toute instrumentalisation politique”, après s’être rendu, pour sa première sortie officielle, au Congrès de l’UNI, organisation étudiante d’extrême-droite. Si le ministre souhaite agir “pour la sécurité des campus”, comme il le déclarait ce matin, il est urgent qu’il prenne position contre les menaces et les violences exercées par les organisations d’extrême-droite au sein de nos universités, qui mettent en danger les étudiant·es et diffusent leurs idées haineuses.
Après avoir initié la LRU, Patrick Hetzel persiste et signe pour la libéralisation du service public de l’ESR
Patrick Hetzel a également réaffirmé son attachement pour l’acte II de l’autonomie des Universités, guère étonnant quand on sait qu’il était l’artisan de la LRU dès 2007. Il assume vouloir enclencher une nouvelle étape dans l’autonomie et engager une nouvelle phase de transformation de l’ESR. Un enseignement supérieur déjà largement transformé par ces prédécesseurs à coup de politiques toujours plus libérales et de coupes budgétaires. Résultat : ce sont 80% des universités qui sont en déficit cette année. Ce n’est manifestement pas assez pour Patrick Hetzel qui veut mettre un coup d’accélérateur à la fois dans l’investissement du privé dans la formation et de la recherche, au détriment de l’engagement de l’Etat et des libertés académiques, et à la fois dans la spécialisation des universités, conduisant à toujours plus de concurrence entre les universités et à un durcissement de la sélection. Nous ne le laisserons pas faire.
Patrick Hetzel, ministre de la précarité étudiante
Après une rentrée universitaire marquée une nouvelle fois par une précarité grandissante des étudiant·es, Patrick Hetzel s’est enfin exprimé sur le sujet, en recyclant le second volet de la réforme des bourses promis par sa prédécesseure il y a plusieurs mois. Cette annonce n’est pas à la hauteur des besoins. Le ministre souhaite en effet lancer de nouvelles concertations pour une réforme à la rentrée 2026 alors que les analyses et revendications ont déjà été partagées à de nombreuses reprises : il est désormais urgent d’agir.
De plus, si rien n’est fait avant la rentrée 2025, nous savons d’ores et déjà que ce sont 50 000 étudiant·es, au moins, qui vont perdre leur droit à la bourse en septembre prochain. Des mesures d’urgence doivent donc être mises en place au plus vite et les concertations prévues au printemps doivent permettre d’aboutir à la mise en œuvre d’un revenu d’autonomie garantissant la protection sociale pour tous-tes les étudiant·es, y compris étranger·es, plutôt que d’échanger autour de mesures insuffisantes.
En ce sens, l’Union étudiante rappelle ses revendications pour la création d’un statut
social étudiant et le renforcement du service public de l’enseignement supérieur :
- dans l’urgence : une augmentation du montant des bourses et du nombre de ses bénéficiaires – en y incluant les étudiant·es étranger·es – ainsi qu’une annualisation des bourses avec la création de deux mensualités en juillet et août
- d’ici la rentrée prochaine : la création d’un revenu d’autonomie, à hauteur du seuil de pauvreté, soit 1216€/mois
- la création de 300 000 places dans l’enseignement supérieur et un investissement dans ce service public à hauteur des besoins
- l’abandon du projet d’expérimentation de l’acte II de l’autonomie des universités