La question de l’accessibilité du service public est un enjeu qui revêt une importance essentielle et est particulièrement mise en danger aujourd’hui. L’émancipation par le savoir ne saurait être réservée à une élite, qui assure sa reproduction par sa capacité à déployer suffisamment de moyens financiers pour y accéder.
Attaché·es à l’idée d’un enseignement supérieur émancipateur, les élu·es de l’Union Étudiante ont toujours été en première ligne des luttes contre l’augmentation des frais d’inscription à l’Université. Si la gratuité et l’accès inconditionné à l’enseignement est une réforme vitale pour l’avenir de la jeunesse, le gouvernement et les présidences d’universités préfèrent soumettre l’enseignement supérieur au marché, ce qui se matérialise par des politiques successives d’augmentation des frais d’inscription pour les étudiant·es.
Les écoles d’ingénieurs publiques sont menacées d’une hausse généralisée des frais d’inscription. Ce projet s’inscrit dans les politiques élitistes et sélectives menées depuis 2017. Grâce à la mobilisation étudiante et au travail mené par l’AER (syndicat rémois de l’Union Étudiante), l’augmentation des frais d’inscription pour la rentrée 2025 est abandonnée.
L’action collective permet de faire reculer l’administration, mais il ne s’agit que d’une victoire d’étape. Face aux politiques austéritaires, sélectives, rejoins ton syndicat pour t’organiser et défendre le service public de l’enseignement supérieur, ouvert à toustes et gratuit !
Le constat de l’augmentation des frais d’inscription traduit une volonté affirmée par Emmanuel Macron et ses différents gouvernements, celle d’instaurer un tri par l’argent à l’Université et soumettre l’enseignement supérieur aux logiques de marché. Cette idée d’une université financée d’abord et avant tout, par les étudiant·es rompt de manière définitive avec l’idée de service public. En imposant ces augmentations de frais d’inscription c’est bien une volonté d’évacuer les enfants des classes populaires qui s’opère. A terme l’objectif est parfaitement identifiable : réserver le savoir aux élites économiques afin de perpétuer les systèmes de domination qui pèsent sur nos sociétés actuelles. Les élu·es de l’Union Étudiante se sont toujours mobilisé·es pour mener les batailles nécessaires contre ces augmentations de frais d’inscription et pour réclamer un enseignement supérieur gratuit et inclusif pour tous·tes, comme en 2023 avec une grande pétition sur le sujet.
En novembre 2023, l’ancien directeur Mathias Vicherat a annoncé une hausse de 5% des frais de scolarité pour tous·tes les étudiant·es de Sciences Po. L’Union Étudiante s’est directement opposée à cette mesure et l’a dénoncée avec force. Nous avons mené une grande mobilisation entre tractages, pétition – qui a atteint 2 000 signatures, ainsi que plusieurs manifestations dans l’établissement. Nous avons déposé une motion contre cette hausse des frais d’inscription qui a été votée avec 9 voix pour et 8 abstentions, prouvant que l’Union Étudiante avait réussi à faire basculer le conseil grâce à la mobilisation et marquant une victoire pour les droits des étudiant·es à Sciences Po.
Par ailleurs, différencier les frais d’inscription en fonction du statut des étudiant·es est également une manière de servir des politiques xénophobes et racistes. Sous le mandat d’Emmanuel Macron, la mise en place du label “Bienvenue en France” en est une illustration criante. En imposant des frais d’inscription à plusieurs milliers d’euros pour des licences et des masters aux étudiant·es étranger·es, Emmanuel Macron a organisé un véritable tri politique xénophobe et raciste. Ce tri s’effectue également entre pays entre eux, discriminant notamment ceux situés sur le continent africain qui bénéficient de moins de partenariats bilatéraux que d’autres pays, et organisant l’accès à l’Université française sur la seule base financière.
L’ensemble des élu·es de l’Union Étudiante se sont mobilisé·es par le biais de plusieurs dizaines de motions déposées dans les conseils des différentes universités pour exiger la fin de l’application de ce dispositif raciste. Récemment, une proposition de loi contre les frais d’inscription différenciés pour les étudiant-es extracommunautaires, les a même été portée par notre organisation pour exiger l’abrogation immédiate du principe des inscriptions différenciées basées sur la nationalité.
Les écoles sectorielles ne sont pas épargnées par la mise en place de frais d’inscription extrêmement élevés. Pour exemple, les écoles d’ingénieur·es publiques sont pour beaucoup en proie à des frais d’inscription non-homogénéisés, ceux-ci sont d’au moins 601 € pour les écoles qui sont rattachées au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Pour celles qui sont placées sous la tutelle d’autres ministères, comme le réseau IMT (instituts mines-télécom) rattaché au ministère de l’économie et de l’industrie, les frais d’inscription peuvent monter jusqu’à 4 850€ pour des écoles pourtant réputées être publiques. Cette situation constitue une illustration alarmante pour l’avenir de l’université publique, il est plus qu’urgent de pouvoir entamer une politique d’homogénéisation des frais d’inscription dans l’ensemble des écoles d’ingénieur·es publiques au niveau des frais d’inscription payés par les étudiant·es des universités publiques, cette harmonisation doit être effective pour l’ensemble des établissements, peu importe leur ministère de rattachement.
La manière dont sont traités les enseignements à distances (EAD) est tout aussi préoccupante. Cette modalité de formation est une des variables d’ajustement privilégiées, souvent maltraitées et fermées prioritairement, celles-ci peuvent se voir imposer des frais d’inscription supplémentaires comme à l’Université de Caen. Alors même que les étudiant·es concerné·es doivent déjà engager des frais de déplacement, ou encore des frais de télésurveillance pour simplement pouvoir passer les épreuves, la soumission à des frais d’inscription différenciés constitue ici une volonté de précarisation délibérée auprès d’étudiant·es qui pour beaucoup doivent déjà composer avec un emploi ou encore un handicap par exemple.
Depuis 1 an et demi et dès sa création, l’Union Pirate Caen, désormais première organisation représentative étudiante de l’Université de Caen Normandie, se mobilise contre des décisions injustes qui menacent l’accès aux études pour les étudiant⸱es en Enseignement à Distance (EAD).
En mars 2024, suite à la mobilisation des étudiant⸱es concerné⸱es organisée par l’Union Pirate, le syndicat a obtenu la suspension jusqu’à nouvel ordre des 400 € de frais supplémentaires qui leur étaient imposés. Ce vote au Conseil d’Administration envoyait un message fort pour le respect de l’égalité d’accès à l’éducation et la reconnaissance des spécificités du public EAD : principalement des femmes, souvent mères de famille, salariées, en situation de précarité ou en situation de handicap, habitant aux 4 coins de la France. Pour elles, étudier à distance n’est pas un choix, mais une obligation due à leurs contraintes.
Pourtant, ces frais ont été réintroduits illégalement, apparaissant directement sur Parcoursup avant même le nouveau vote du Conseil d’administration le 7 février 2025, en contradiction avec les engagements précédents de la présidence et la décision du Conseil d’Administration. À cela, s’ajoute l’instauration d’un tarif de 350 € pour la télésurveillance des examens, une mesure qui pénalise encore davantage les étudiant⸱es contraint⸱es d’étudier à distance. Cette décision est injuste à double titre, à la fois car il s’agit là d’une mesure discriminatoire et inégalitaire, mais aussi parce que les organisations étudiantes n’ont jamais été consultées.
L’Union Pirate de Caen a organisé la mobilisation contre la hausse des frais d’inscription pour l’EAD avec de multiples rassemblements et actions, en vain, face à une présidence déterminée à faire les poches aux étudiant·es en formation à distance.
La lutte pour la gratuité de l’Enseignement supérieur menée par l’Union Étudiante vise donc à rompre définitivement avec le sacrifice de l’idéal du service public, à démocratiser le savoir et les études supérieures contre les logiques de sélections sociales et racistes.