27 000. 27 000 étudiant·es étaient encore sans master il y a trois jours selon les informations du Ministère de l’Enseignement supérieur, alors que la phase principale d’admission se clôt ce jour. De son ouverture retardée à ses résultats condamnant tout droit à la reprise d’études, en passant par sa mise en œuvre chaotique, retour sur un fiasco annoncé.
Un droit à la poursuite d'études bafoué au détriment de l'avenir de milliers de jeunes
En 2016, un droit à la poursuite d’études se voyait consacré afin de garantir aux étudiant·es détenteurs·rices d’une licence le droit à la poursuite en master. Pourtant, depuis cette même année, l’écart ne cesse de se creuser entre le nombre d’étudiants·e en L3 et celui en M1. Et ce, principalement dans les filières dites en tension comme en psychologie, en droit et science politique, en économie-gestion ou encore en STAPS, grands oubliés, chez qui le nombre de places baisse significativement de 78,6% !
La raison est simple : les gouvernement successifs ont poursuivi leur politique de désinvestissement dans l’enseignement supérieur, souhaitant contraindre les jeunes à une mise au travail de plus en plus expéditive, loin de tout idéal de démocratisation universitaire et d’obtention de qualifications solides pour mener à bien les enjeux sociaux, économiques et écologiques à venir.
Failles techniques, manque de coordination et impréparation totale : Mon Master, Parcoursup en pire.
En décembre 2021, la ministre d’alors, Frédérique Vidal, annonçait en grandes pompes la mise en place d’une nouvelle plateforme. Sous le poids de la mobilisation étudiante, celle-ci avait été battue en retraite, avant d’être mise en place une fois Sylvie Retailleau en poste. Cette nouvelle plateforme devait réduire les démarches administratives des étudiant·es et faciliter les candidatures avec une harmonisation calendaire, tout ça avec le même système que Parcoursup, pour reprendre les mots de la Ministre lors de sa présentation de la plateforme Mon Master.
Sur ce dernier point, les étudiant·es ne seront pas déçu·es : nous avons effectivement fait les frais d’une nouvelle machine à sélectionner et briser les aspirations de la jeunesse. Pire encore, le gouvernement étant tellement pressé de sélectionner toujours plus les étudiant·es, la plateforme et son processus de sélection ont fait montre d’une impréparation des plus totales : non-respect de la RGPD, candidatures supprimées, charge administrative immense ou encore autonomie des universités jusque dans le classement des candidats ou l’annonce des résultats.
Cette gestion catastrophique de Mon Master témoigne au mieux d’un amateurisme et d’une incompétence du gouvernement, au pire d’une volonté de nuire aux étudiant·es et de se placer contre le droit. La Ministre ayant refusé la mise en place d’une phase complémentaire cette année, les établissements d’enseignement supérieur ont dû s’adapter en communiquant avec leurs propres moyens sur les places vacantes dans leurs formations. Bien qu’une phase complémentaire ait été annoncée, il s’agit ici d’un écran de fumée pur et simple puisqu’il n’existe pas de phase cadrée nationalement sur Mon Master, laissant-là les étudiant·es face à une double-peine : vivre le pire de Mon Master et le pire d’e-candidat pour avoir la chance d’avoir une place dans la filière de leur choix, si cela était encore possible…
L'Union étudiante lance une campagne nationale pour les sans-master et exige l'ouverture de 30 000 places, a minima.
L’Union étudiante dénonce fermement cet imbroglio et exige la mise en place dans les plus brefs délais d’une phase complémentaire cadrée nationalement et hébergée sur Mon Master afin de faciliter les candidatures des étudiant·es n’ayant pu trouver de place dans la filière de leur choix. Sans cela, ce sont des dizaines de milliers d’étudiant·es qui se retrouveront sans formation à la rentrée et très probablement au chômage, au vu du caractère moins protecteur du diplôme de licence en comparaison avec un bac+5.
L’Union étudiante se tient tout cet été aux côtés des étudiant·es sans master afin de les soutenir dans leurs démarches et lutter activement contre la sélection à l’Université. L’Union étudiante, enfin, demande l’ouverture de 30 000 places en master dès la rentrée prochaine pour accueillir tous les étudiant·es titulaires d’une licence qui le souhaiteraient.