Mardi 7 novembre, en plein examen de la Loi Immigration au Sénat, loi profondément inique et xénophobe, un amendement de la droite a été adopté pour inscrire dans la loi ce qui ne faisait jusqu’alors que l’objet d’un décret. En faisant cela, le Sénat souhaite contraindre les universités à appliquer cette mesure à laquelle nombre d’entre elles continuent de résister.
Par un décret du 19 avril 2019, le gouvernement d’Édouard Philippe consacrait il y a 4 ans le principe de modulation des frais d’inscription pour les étudiant·es étranger·es. Cette mesure du bien mal-nommé plan « Bienvenue en France » – rejeté à plus de 90% des voix en Cneser en mars 2019 – acte une multiplication par seize des frais en licence et en master. Dès lors, un·e étudiant·e français·e ou européen·ne va payer 170€ et 243€ en droits d’inscription en licence et en master, quand l’étudiant·e international·e paiera respectivement 2 770 et 3 770€ de frais d’inscription. Justifiée par le jeu de la compétition internationale pour le gouvernement de l’époque, cette mesure vise avant tout à attirer un certain public, défini par sa solvabilité et donc sa capacité à payer pour faire des études.
Cette attaque menée par Emmanuel Macron et Édouard Philippe est alors habilement réfléchie : en s’en prenant à des étudiant·es souvent plus isolé·es et à la condition plus précaire, le gouvernement de l’époque a pu poser les bases d’une généralisation des frais d’inscription sous fonds de préférence nationale. Cela correspond effectivement au schéma entrepris par le Royaume-Uni, qui a commencé à augmenter ses droits d’inscription à l’université pour les étudiant·es internationaux·ales avant de les multiplier de façon exponentielle pour toutes, mais aussi aux notes ayant fuité lors de la campagne 2017 d’Emmanuel Macron, dites Macron Leaks, qui présentent clairement cette volonté.
Dans un moment où les universités sont de plus en plus précarisées, retranchées sur leurs fonds de roulement pour continuer leur activité de service public, cette disposition législative risque de faire payer le prix de la désertion de l’État aux étudiant·es les plus précaires, ici les étudiant·es internationaux·ales, déjà exclu·es du système de bourses.
Alors que le Sénat doit voter aujourd’hui l’ensemble de la Loi Immigration, qui va notamment supprimer les APL pour les étrangers en France depuis moins de 5 ans et l’Aide Médicale d’Etat, l’Union étudiante demande à l’ensemble des parlementaires et à la Ministre de l’Enseignement supérieur de s’opposer à cette mesure xénophobe et à visée raciste et exige la suppression du plan Bienvenue en France. En outre, l’Union étudiante rejoint l’appel à manifester partout en France le 16 décembre contre la loi Immigration.