un record de précarité pour la jeunesse scolarisée

La précarité étudiante est une problématique majeure et structurelle de l’enseignement supérieur public français. Plus d’un·e jeune sur trois se trouve dans au moins une situation de pauvreté (critères définis par DREES, 2023) et autant d’étudiant·es ont recours ou ont besoin d’aide alimentaire (OVE, 2023). Un tiers des étudiant·es reconnaît avoir des fins de mois “difficiles ou très difficiles” (OVE, 2023). 

Durant cette année universitaire, de nouvelles statistiques sont venues assombrir ce constat : face à l’inflation, un·e étudiant·e sur deux, soit plus d’un million et demi, a déjà sauté des repas (IFOP ; COP1, 2023) et autant ont renoncé de ce fait aux loisirs. 87 000 étudiant·es ont même entamé leur année universitaire sans logement, faute de moyens face à un marché débridé qui spécule sur l’habitat. Ainsi, plus d’un·e étudiant·e sur deux, est mal-logé·e (Union Etudiante, 2023). 

La précarité étudiante s’aggrave d’année en année et contrairement à l’idée reçue, la situation est pire que durant les confinements. Ainsi, depuis 2016, la part d’étudiant·es estimant ne pas avoir suffisamment d’argent pour subvenir à leurs besoins a augmenté de 15%, passant de 26% à 30% (OVE, 2016 ; OVE, 2023). Depuis 2017, le nombre de bénéficiaires d’Aide Spécifique Ponctuelle du Crous a augmenté de 20% (soit 8507 de plus). Enfin, depuis 2020, le nombre de bénéficiaires étudiant·es des aides alimentaires aurait doublé pour atteindre 200 000 (soit 10% des bénéficiaires des Banques Alimentaires, qui annoncent aider 400 000 personnes en plus depuis 2020).

Un dossier qui révèle le vrai montant de la facture depuis 2017

Outre souligner une progression de la précarité étudiante, plutôt connue, nous avons rédigé ce dossier pour contredire les mensonges des gouvernements macronistes. Car lorsque nous alertons sur l’ampleur de la précarité, ils se défilent et font miroiter des réformes bénéfiques qui ne viennent jamais. Cela ne les a pas empêchés de poursuivre leur casse des droits des étudiant·es ! En toute discrétion, depuis 2017, l’aide aux étudiant·es diminue, alors qu’elle devrait progresser, comme en témoignent ces chiffres-clé :

chiffres clés du doosier

Dans ce dossier, nous présenterons d’abord comment ces 7 dernières années ont été particulièrement marquées par une hausse généralisée du coût des études et de la vie étudiante. Cela est dû à l’inflation des frais de vie courante, mais aussi aux hausses de loyers et des frais d’inscription directement décidées par les gouvernements macronistes. Ensuite, nous détaillerons l’insuffisance des aides aux étudiant-es. Depuis 7 ans, l’alimentation, le logement et l’aide sociale pour les étudiant·es ont subi de graves négligences, voire reculs, que nous expliquerons. Enfin, ce dossier rappelle que rien n’est perdu pour l’émancipation de notre jeunesse : les gouvernements futurs peuvent rompre avec ces politiques néfastes et nos luttes locales ont déjà permis d’améliorer la vie des étudiant·es.

une rupture à engager avec les politiques en place, en appliquant notre programme majoritaire

Face à l’inflation, nous refusons de rester passif·ves. Notre priorité n’est pas d’étudier les plus infimes configurations et conséquences de l’inflation, mais d’appeler de toute urgence à des actions structurelles pour que les étudiant·es ne soient pas victimes des hausses répétées et galopantes du coût de la vie. Pourtant, les seules mesures structurelles qui sont mises en place sont les 10 milliards de coupes budgétaires décidées par Bruno Le Maire en février, en particulier 900 millions d’euros en moins pour l’enseignement supérieur et la recherche, dont 126 millions d’euros en moins pour la vie étudiante. En juillet, 5 milliards supplémentaires de coupes ont été annoncés, une décision déjà grave, encore plus car elle est prise par un gouvernement sans aucune légitimité démocratique, déterminé à s’attaquer  jusqu’au bout aux jeunes et aux plus pauvres. Les politiques ont choisi de détruire des parcours d’études et, par là, des vies. 

L’Union Étudiante appelle à rompre avec les politiques de jeunesse de ces sept dernières années, dont ce dossier dresse le bilan. 

Le mois dernier, un événement politique majeur a eu lieu : la gauche unie est arrivée en tête d’élections nationales. En toute logique, comme cela a eu lieu par le passé en France, et partout en Europe, nous exigeons que le président de la République nomme un·e premier·e ministre issu·e du Nouveau Front Populaire qui en applique le programme. Ce programme de transformation sociale est majoritaire dans la société, et c’est le seul qui vise à financer à la hauteur des besoins des politiques d’émancipation de la jeunesse. Nous lutterons pour que le programme soit appliqué et aille encore plus loin.

Tout gouvernement devrait immédiatement réaliser des mesures de rattrapage :

  • Retrouver les 220€ mensuels de pouvoir d’achat perdu pour les étudiant·es ces 7 dernières années ;
  • Geler les frais d’inscription et supprimer la CVEC ;
  • Réhausser l’accès au droit aux bourses Crous pour y retrouver les près de 60 000 étudiant·es retiré·es à la population boursière depuis 2020
  • Ré-instaurer le repas 1€ pour tous·tes ;
  • Geler les loyers et charges dans les logements Crous, ainsi qu’encadrer le montant et la hausse des loyers dans toutes les villes universitaires ;
  • Construire les 55 000 logements manquants pour atteindre la promesse des 60 000 supplémentaires entre 2017 et 2022.

Ces victoires ont toujours été le fruit de luttes, et c’est pourquoi l’Union Étudiante appelle à un mouvement social à la rentrée 2024, pour appliquer ses principales revendications :

  • La gratuité totale de l’inscription dans l’enseignement supérieur et la recherche publiques ;
  • La création massive de logements Crous abordables pour qu’y soient logé·es ¼ des étudiant·es ;
  • L’instauration d’un revenu d’autonomie pour les jeunes en formation, inconditionnel et universel et à hauteur du seuil de pauvreté, soit actuellement 1216€ par mois.

1 Comment

Face à Macron, tous dans la rue samedi 07 septembre ! | Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier – SCUM · 29 août 2024 at 15h46

[…] 7 septembre, des mobilisations se tiendront partout en France, appelées par l’Union Étudiante, principal syndicat étudiant français, dont le Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier […]

Comments are closed.