Mercredi 24 septembre, une « soirée d’intégration » a tourné au drame. Cinquante étudiant·es en médecine ont été abandonné·es en pleine nuit, en sous-vêtements, dans la forêt de Bouconne, par moins de 10°C. Plusieurs se sont perdu·es. Les secours ont dû mobiliser chiens, drones, hélicoptère pour les retrouver. Trois étudiant·es ont été hospitalisé·es, dont un en urgence absolue.

Ce n’est pas un « jeu », ce n’est pas une « tradition ». C’est du bizutage.

Cette pratique violente, et illégale depuis 1998, persiste pourtant au nom de la fameuse « culture carabine » et des corpos. Derrière l’humour potache, on retrouve toujours la même logique : domination, sexisme, exclusion, et mise en danger de la santé des étudiant·es. Une enquête de l’Observatoire des Violences Sexistes et Sexuelles dans l’Enseignement Supérieur a pu mettre en exergue que plus de 60% des femmes et minorité de genre témoignent avoir été victime ou témoin de VSS durant un événement d’intégration.

Ne nous voilons pas la face : les corpos, ces associations qui organisent, encadrent et financent la vie « festive » des filières, portent une responsabilité politique et morale. Elles normalisent les rites humiliants et couvrent les organisateurs, alors même qu’1 étudiant-es sur 10 est lui-même auteur de violence sexiste ou sexuelle durant l’événement d’intégration qu’il organise, selon le rapport de 2024 de l’OVSS dans l’enseignement supérieur. Quand des traditions deviennent des mises en danger, il ne s’agit plus d’humour : il s’agit d’abus et de délit.

Il faut mettre fin à la perception commune selon la souffrance à laquelle sont confrontés les étudiant-es justifierait selon certain-es un “humour carabin” centré sur le corps, la sexualité et qui se révèle souvent sexiste et faisant l’apologie des violences sexuelles.

Il n’y a plus d’excuse pour les associations d’étudiant-es en médecine dont le discours légitime la perception des bizutages, et de la culture carabine comme un moyen de relâcher la pression.

Et si pour l’ANEMF, “Il n’est pas question de blâmer chaque personne contribuant d’une façon ou d’une autre à la culture carabine” (Guide de lutte contre les violences sexistes et sexuelles au sein des études de médecines, par l’ANEMF), nous estimons qu’il est urgent d’agir pour mettre fin à cette culture qui ne disparaitra pas toute seule.

Des procédures disciplinaires et judiciaires ont été ouvertes, et c’est nécessaire. Mais cela ne suffira pas. Nous apportons tout notre soutien aux victimes de ces violences. Nous appelons à en finir avec la culture carabine et ses dérives perpétuées par les associations d’étudiant-es dites corporations.

L’Union Etudiante revendique la formation obligatoire de toustes les étudiant-es et personnels à la lutte contre les VSS et les discriminations. Cette formation doit intervenir dès la pré-rentrée, puisque 1 victime d’agression sexuelle sur 6 a été agressée la première semaine de sa première année d’étude supérieure, toujours selon l’Observatoire des VSS dans l’ESR. Des moyens humains et financiers doivent également être massivement alloués aux cellules de lutte contre les discriminations des établissement du supérieur, afin de permettre leur bon fonctionnement.

L’université doit être un espace sûr, inclusif et solidaire: à ce titre, mettons fin aux bizutages et à la culture carabine !

Le communiqué en PDF :