En deux ans de mandat, nous avons renforcé notre engagement pour une université libérée de tous les systèmes d’oppression qu’elle perpétue.
Nos élu·es ont porté une opposition frontale aux politiques libérales tout en renforçant les mobilisations contre les discriminations et les idées de l’extrême droite dans l’enseignement supérieur et dans la société. Nous portons une opposition claire et résolue aux idéologies réactionnaires et aux systèmes d’oppression qui empêchent l’accès à une université qui a pour vocation d’être un lieu d’émancipation accessible à toustes, sans aucune distinction. À ce titre, elle doit impérativement reconnaître et agir sur les systèmes d’oppression qu’elle contribue à reproduire : sélection raciste, plafond de verre, inégalités de genre dans l’accès à certaines filières, obstacles qui limitent l’accès des personnes en situation de handicap, ou encore les discriminations socio-spatiales. Une université véritablement inclusive doit s’engager activement à déconstruire ces mécanismes pour garantir une égalité réelle.
C’est pourquoi nous continuerons de défendre une université inclusive et émancipatrice. Cela passe nécessairement par une opposition totale aux politiques libérales et discriminantes, que nos élu·es combattent systématiquement. Les discriminations et oppressions à l’Université sont en effet la conséquence de politiques structurelles et institutionnelles, comme l’instauration de la préférence nationale à l’Université, la sélection sociale et raciste, la répression organisée, le manque de moyens alloués aux Missions Égalité. Or, ce système, comme ses composantes, se reproduit et se protège : à Rouen, un professeur a mené un harcèlement raciste contre un étudiant qui a tenté de se suicider, et ce professeur n’a pas été inquiété par l’Université. Les étudiant·es de l’Université de Rouen se mobilisent depuis plusieurs semaines par milliers pour la démission de ce professeur raciste, aussi conseiller municipal.
L’Université Rennes 2, université de sciences humaines et sociales, est l’une des universités les moins bien dotées de France, et les différentes réformes nationales récentes ont conduit celle-ci à un déficit de plus de 4 millions d’euros. La seule réaction de l’Etat a été de menacer l’université d’une mise sous tutelle, sauf si celle-ci décide d’appliquer elle-même un plan d’austérité drastique (plan de retour à l’équilibre financier). Face à cela, l’Union Pirate de Rennes 2, syndicat majoritaire de l’université, a lancé la mobilisation, en convoquant des assemblées générales pour informer les étudiant·es sur la situation de l’université et les menaces qui planent au-dessus d’elle. La principale demande du rectorat à l’université était de supprimer l’enseignement à distance, menaçant près de 2 000 places dans ces filières, soit 10% du total des étudiant·es de Rennes 2. La mobilisation, qui a duré plusieurs mois, est passée à la fois par un rapport de force via des blocages et des actions sur le campus, et par le travail des élu·es dans les conseils, qui ont lutté pied à pied contre l’austérité.
Après plusieurs mois, l’option de la mise sous tutelle a été écartée, ainsi que la suppression de la totalité de l’enseignement à distance. Si la bataille n’a pas été totalement gagnée, notamment car des places à distance ont malgré tout été supprimées, la mobilisation de l’Union Pirate a permis d’éviter la mise sous tutelle et a sauvé plus de 1 000 places, soit 1 000 jeunes qui vont pouvoir poursuivre leurs études.
De plus, les soirées de début d’année, dites “d’intégration”, sont des moments propices aux VSS, et peu encadrées. Nous alertons année après année sur cette période de “Zone rouge” (période entre septembre et novembre qui concentre 50% des VSS remontées et subies dans l’ESR sur l’année), contre les violences pouvant être subies afin de faire de la prévention auprès des étudiant·es. Pour permettre aux étudiant·es de se protéger des tentatives de soumission chimique, nous organisons des distributions de protections de verre, comme à l’échelle de toute la région parisienne à la rentrée 2024. En 2 ans, c’est 93 600 protections de verre que nous avons distribuées. Nous sommes également de toutes les luttes féministes pour dégager les agresseurs de nos amphis, comme à Mulhouse, Strasbourg ou encore Bordeaux et Amiens où de grandes mobilisations ont été menées contre des professeurs accusés de violences sexistes et sexuelles.
Afin de pouvoir mettre des mots et des chiffres clairs sur ces oppressions subies et reproduites au sein de l’Université, nous menons une grande enquête depuis le mois de mars 2025 pour faire remonter les paroles des étudiant·es.
Sur un échantillon de 2 000 personnes, 31,4% des étudiant·es affirment avoir subi des discriminations au cours de leur parcours universitaire. 49,8% affirment avoir subi des discriminations en raison de leur genre, 23,8% en raison de leur origine réelle ou supposée, 23,8% en raison de leur handicap, qu’il soit visible ou invisible, 18,1% en raison de leur orientation sexuelle réelle ou supposée, 11,5% en raison de leur couleur de peau, 19,4% en raison de leur religion.
L’AES s’est mobilisée pour réduire les capacités d’action de Michael Langlois, un professeur accusé à plusieurs reprises de violences sexistes et sexuelles sur le campus. Sa suspension avait été levée par le CNESER, permettant son retour à l’université. Grâce à une grande campagne d’information, l’AES a réussi à faire connaître le sujet à une majorité des étudiant·es de l’université ; rappelant également l’importance du sujet des violences sexistes et sexuelles par des interventions en amphi ou du tractage. Près de 1 500 signatures ont été rassemblées sur la pétition qui demandait sa démission. Les militant·es ont contacté la presse et rassemblé des témoignages afin d’appuyer un dossier auprès de la présidence. Grâce à ces actions, les cours de M. Langlois ont été dédoublés, assurant que les étudiant·es puissent avoir le même contenu de cours avec un autre professeur. Cette victoire permet actuellement aux étudiant·es de théologie protestante de finir leur année en toute sérénité, malgré le maintien de M. Langlois en poste.
Nous avons été la seule ORE à participer à l’ensemble des groupes de travail du Comité de suivi de l’Université inclusive (CNSUI) et y proposer des réformes structurelles pour lutter contre le validisme institutionnel. Par validisme institutionnel on entend, un ensemble de discrimination fondées sur le handicap produites et entretenues par l’ensemble des structures politiques et sociales établies par la loi. Par exemple, le fait que les équipes de scolarité ou enseignantes remettent en cause les aménagements d’études ; ou encore le fait que le handicap est un déterminant important d’échec scolaire du fait du manque d’accessibilité de l’enseignement supérieur.
Au sein de ces groupes de travail nous avons pu obtenir la création d’une circulaire sur les droits des étudiant·es ayant un handicap, ainsi qu’un guide qui vient la compléter. Cette circulaire a permis de rassembler l’ensemble des droits étudiant.es dans un même texte et de rappeler aux établissements leurs obligations. C’est une avancée majeure, puisque le Ministère a refusé plusieurs fois par le passé de mettre en place cette circulaire. Elle permet de garantir une meilleure effectivité des droits et de lutter contre le non recours aux droits.
Toutefois, ces mesures individuelles compensatoires restent imparfaites, l’Union Étudiante a porté au sein de ces GT une réforme juridique structurelle visant à abroger la conception médicale du handicap dans les politiques publiques françaises et de centrer l’action publique sur des politiques d’accessibilité universelle. Cette conception universelle s’articule autour de la société et implique une adaptation multidimensionnelle de l’environnement (d’ordre matérielle, pédagogique, sociale).
L’extrême droite est de plus en plus présente et violente sur nos campus, alimentant et structurant les oppressions et discriminations à l’Université, comme à Strasbourg où l’UNI a créé un jeu antisémite, islamophobe, raciste, sexiste, homophobe, ou encore à Caen et Toulouse où ses membres s’affichent en train d’effectuer des saluts nazis.
Depuis 2 ans, l’Union Étudiante s’est attelée à combattre activement l’extrême droite sur nos campus. Localement, nous nous sommes toujours organisé·es pour que les groupuscules d’extrême droite tels que l’UNI, la Cocarde, ou leurs variantes locales (comme Tenesoun à Marseille), qui véhiculent des idées racistes, sexistes, xénophobes et LGBTphobes, ne puissent pas se proliférer sur nos campus.
Nous avons mis en place des campagnes de sensibilisation pour dénoncer leurs idéologies dangereuses et réactionnaires et nous avons cartographié les violences de l’UNI partout en France afin de les dénoncer et mettre en exergue leurs pratiques dangereuses.
Enfin, l’Union Étudiante met en place une formation continue de ses élu·es pour mieux identifier, dénoncer et combattre les discours oppressifs. Nos élu·es soutiennent les initiatives étudiantes visant à promouvoir l’égalité et l’inclusion et à mener la lutte antifasciste. Nos organisations et nos militant·es se mobilisent sur le terrain pour sensibiliser la communauté universitaire aux enjeux liés aux discriminations et oppressions, notamment en organisant chaque année un Mois de l’Egalité au mois de mars, des festivals contre le racisme et les discriminations ou encore des prides radicales. Nos élu·es et nos militant·es s’organisent pour mettre en place des mesures inclusives à l’université – comme les congés menstruels ou le renforcement du budget dans les cellules universitaires de lutte contre les discriminations.
En 2024, l’Union Etudiante Bordeaux a permis la mise en place d’un congé menstruel dans les Universités de Bordeaux et de Bordeaux-Montaigne. À l’Université de Bordeaux le congé menstruel est obtenu sans justification de certificat médical et sans plafonnement de jours. La demande est faite sur l’ENT pour une durée de 24h. La demande est formulée 48 h avant ou après le jour d’absence. Ce congé menstruel est une victoire syndicale pour les personnes menstruées. L’Union Etudiante revendique sa mise en application dans tous les établissements en France, en veillant à ce que les demandes ne soient pas conditionnées à un justificatif médical.
En 2021, 15 étudiantes de l’Université de Haute-Alsace dénoncent des propos sexistes, graveleux et humiliants tenus en cours par Bertrand Pauvert, maître de conférences en droit public. Il est alors condamné à 3 ans d’interdiction d’enseigner et à 12 mois de prison en sursis. Il fait appel et obtient la relaxe sur 14 des 15 faits car la Cour d’Appel de Colmar estime qu’il y a un seul fait caractérisable de harcèlement (1 seul étudiant ciblé par 2 fois par Pauvert), sa peine est alors réduite à 6 mois de prison avec sursis et 1 an d’interdiction d’enseigner.
A la rentrée 2023, la CSTE se mobilise contre son retour, dès la rentrée elle informe les étudiant⸱es, axe sa campagne sur les VSS et l’omerta, la même qui a permis l’impunité de Bertrand Pauvert pendant 15 ans dans un milieu très corporatiste qu’est le droit. La CSTE lance une pétition qui a atteint 4 684 signatures, un support pour continuer la mobilisation qui conduit à une assemblée générale qui vote le blocage de la faculté le jour de son retour théorique.
La mobilisation est massivement suivie, par les étudiant⸱es et par les médias avec un seul message : “pas de place pour les harceleurs et les agresseurs dans l’ESR”.
Grande victoire puisque Bertrand Pauvert lors de son passage en commission disciplinaire il a été révoqué de l’UHA. Le rendant, de fait, incapable d’enseigner dans l’ESR car impossible à embaucher car il a dorénavant un casier judiciaire.
La victoire ne s’arrête pas là puisque la Cour de Cassation a exigé un nouveau passage devant la Cour d’Appel de Metz, qui a finalement acté qu’il y avait bien harcélement sur les 15 faits en reconnaissant le délit de harcèlement sexuel collectif (il n’y pas besoin d’être cible directe pour être destinataire du harcèlement).
C’est une victoire pour nos mots d’ordre et pour nos modes d’action qui ont rendu possible le rapport de force capable de virer un harceleur sexuel de l’Université !