Au-delà de la sélection à l’entrée de l’enseignement supérieur, les étudiant·es subissent également un tri social au cours de leurs études, du fait du manque d’aménagement à des besoins spécifiques ou de l’attaque envers les droits étudiants. Ainsi, les dernières années ont été marquées par des attaques répétées contre les droits des étudiant·es, comme des réformes locales – à l’échelle d’une université, d’un UFR ou d’une formation – contre nos droits. Les droits attachés au contrôle des connaissances et aux examens comme les droits aux rattrapages ou à la compensation sont attaqués de toutes parts.
Mobilisation contre l’austérité en 2025
Les présidences d’universités et d’établissements justifient ces réformes des Modalités de Contrôles des Connaissances par la prétendue nécessité de garantir la “valeur” du diplôme délivré. Pourtant ces suppressions de droit, la restriction de l’accès à des secondes chances notamment ou à des aménagements pénalisent d’abord les étudiant·es précaires contraint·es de travailler pour financer leurs études. En effet, près de 50% des étudiant·es travaillent en parallèle de leurs études pour subvenir à leurs besoins. Ce salariat étudiant est la première cause d’échec en licence notamment parce que l’obligation d’assiduité – déjà imposée par le CROUS aux boursier·es – rend impossible la validation de l’ensemble des enseignements sans aménagement spécifique.
Si on ne peut accepter qu’un·e étudiant·e sur deux soit contraint·e de se salarier du fait de la précarisation organisée, les universités doivent garantir à toustes les conditions de réussite. Aussi, ces attaques contre les droits étudiants pénalisent particulièrement les étudiant·es en situation de handicap et les personnes menstruées qui ne bénéficient que trop rarement de suffisamment d’aménagements.
En 2023, le vice-président chargé de la formation a présenté à la CFVU un projet de réforme des MCC qui prévoyait de supprimer le droit à la compensation entre les UE, le droit aux rattrapages, la statut d’AJAC et le droit aux absences en TD. Les élu·es du Syndicat Alternatif de Paris (SAP1 – membre de l’Union étudiante) ont été les premiers à alerter sur les dangers de cette réforme délétère pour les droits des étudiant·es et renforçant la sélection. Cette réforme justifiée pour accroître la compétitivité de Paris 1 et la valeur du diplôme aurait inévitablement induit un durcissement de la capacité à étudier et empêché les plus précaires de réussir.
L’organisation d’assemblées générales et de pétitions ont permis de mobiliser l’ensemble des étudiant·es sur ces sujets, en parallèle de leur action dans les différents conseils des universités. Grâce à une mobilisation étudiante historique étendue sur plusieurs mois et à la pression des élu·es étudiant·es formé·es et combatifs·ives du SAP1, la réforme a été abandonnée et le vice-président qui en était à l’origine a démissionné !
Mieux que ça, grâce au travail syndical, Paris 1 s’est doté d’un Régime Spécial Étudiant, qui était jusqu’alors inexistant. Ce régime spécial garantit des droits supplémentaires pour les étudiant·es salarié·es, engagé·es, en situation de maladie, en responsabilité d’un proche, etc. Cette réforme qui annonçait une diminution sans précédent des droits étudiants a permis, grâce à l’action du SAP1 et à l’organisation collective, l’obtention de nouveaux droits !
En imposant des conditions d’études et d’examens toujours plus strictes, les présidences d’universités créent de nouveaux mécanismes de sélection entre chaque année d’un cursus. Ces mesures obligent de nombreux·ses étudiant·es à redoubler une ou plusieurs fois, ce qui représente un coût financier important.
Doublées d’une interdiction de redoubler plus d’une fois, elles obligent souvent à quitter l’enseignement supérieur. Ce faisant, le durcissement des conditions d’examen sont des stratégies de sélection par l’argent plus implicites, qui s’ajoutent au tri social déjà effectué par les plateformes comme Parcoursup et Mon Master.
S’inscrivant dans un projet de différenciation des diplômes et de mise en concurrence des établissements, ce type de réforme des modalités d’examen entre en contradiction flagrante avec l’objectif de démocratisation de l’enseignement supérieur. Le rôle de l’Université publique n’est pas de trier les étudiant·es entre celleux qui peuvent et ne peuvent pas, reproduisant ainsi les inégalités sociales, mais de permettre à toustes de réussir.
C’est pourquoi les élu·es de l’Union étudiante sont en première ligne de la lutte contre la casse de nos droits. Formé·es à lire, comprendre et débunker les réformes insidieuses – souvent rendues opaques par un langage technocratique, nous faisons reculer les attaques et obtenons par nos lutte de nouveaux droits. Être étudiant·e c’est avoir des droits, être syndicaliste c’est les défendre !
Les BCC sont une nouvelle méthode de notation venue des écoles privées. Mais c’est surtout une nouvelle méthode de sélection, qui a pour objectif de rendre plus compliquée la validation des diplômes.
Depuis des mois, la mobilisation étudiante contre les Blocs de Connaissances et de Compétences (BCC) à Aix-Marseille ne faiblit pas. À Aix-Marseille Université (AMU), nous avons lancé une lettre ouverte signée massivement, organisé des rassemblements et pris la parole dans toutes les instances pour dénoncer cette réforme injuste. Face à une direction sourde, nous avons investi la rue pour exiger le retrait des BCC, symbole d’une université toujours plus sélective et inégalitaire.
Les BCC, importés des écoles privées, imposent une validation bloc par bloc, supprimant la compensation entre matières. Ce système punit les étudiant·es précaires, celleux qui doivent travailler pour vivre, ou qui subissent des absences pour raisons de santé. Comment réussir quand chaque absence devient éliminatoire ?
Pire encore, les jurys qui décident du sort des étudiant·es sont opaques, sans aucune représentation étudiante, et leurs décisions sont sans appel. Les rattrapages, garant d’une seconde chance, disparaissent peu à peu. Cette logique de sélection vise à exclure et à transformer l’université en machine à trier, au service du marché du travail.
Pour l’Union Étudiante, l’université doit rester un lieu d’émancipation, pas une fabrique à exclusion. L’UE Aix-Marseille exige :