Le 18 novembre, le Ministère de l’Enseignement supérieur a demandé aux universités de diffuser une « enquête sur l’antisémitisme ». Pourtant, cette enquête commandée au Centre d’études politiques de Sciences Po (CEVIPOF) et diffusée par l’IFOP n’a rien de scientifique. Son objectif est clair : ficher les soutiens à la cause palestinienne et légitimer les attaques idéologiques contre l’université.
Un questionnaire insidieux et tendancieux
Les questions entretiennent une confusion volontaire entre antisémitisme, antisionisme et soutien à la Palestine, et procèdent à des amalgames dangereux. Certaines demandent même aux répondant·es de qualifier comme « vrai » ou « faux » des stéréotypes et préjugés antisémites, normalisant ainsi ces mêmes préjugés que l’enquête prétend combattre. Par ailleurs, la majorité des questions ne permet ni de ne pas répondre, ni de choisir « je ne sais pas », alors même qu’elles mobilisent des notions dont la définition n’est pas toujours évidente.
Captures d’écran du questionnaire :
Un sondage illégal
Hébergé sur Google, ce sondage collecte des informations personnelles (âge, genre, statut, niveau de diplôme, code postal…) mais aussi des données sensibles comme les opinions politiques ou la religion, vraisemblablement en violation du RGPD et du principe de neutralité de la fonction publique. Ainsi, rien dans ce questionnaire ne permet de garantir l’anonymat des répondants.
Alors que les universités manquent cruellement de moyens pour lutter contre les discriminations, le Ministre préfère poursuivre son offensive contre l’université, en instrumentalisant la lutte contre l’antisémitisme. Ce questionnaire s’inscrit dans la droite lignée des attaques de Frédérique Vidal contre « l’islamo-gauchisme » à l’université et la volonté plus récente de criminalisation de la lutte contre le génocide en Palestine et l’engagement de manière plus large. En bref, il s’agit d’un questionnaire biaisé, politiquement orienté, et conçu pour alimenter la droite et l’extrême-droite dans ses pires offensives contre l’université.
Notre communiqué :