Cette année encore, un·e étudiant·e sur deux travaille pour financer ses études. Deux étudiant·es sur trois sautent régulièrement des repas et plus d’un·e étudiant·e sur dix renonce à des soins faute d’argent. Un·e jeune sur trois sera, quant à lui ou elle, en situation de pauvreté. Désormais, nous pouvons ajouter que 87 000 étudiant·es ont entamé leur année universitaire sans logement et que plus d’un·e étudiant·e sur deux, soit plus d’1,5 millions d’étudiant·es, est mal-logé·e. 

Le danger est de s’y habituer. La souffrance des étudiant·es est un symptôme de notre société inégalitaire, quand le même gouvernement sert 24 milliards d’euros pour les 3 millions de millionnaires de ce pays et dix fois moins pour ses 3 millions d’étudiant·es. 

Ces six dernières années ont été marquées par l’inaction du gouvernement envers la jeunesse. Après des années de promesses vaines, une réforme des bourses a été amorcée à l’automne dernier, ne comprenant que quelques mesurettes paramétriques. Alors que depuis 20 ans les réformes successives vont dans le sens d’un élargissement des boursier·es et des montants, tendant à l’universalité, ce gouvernement a balayé d’un revers de main toutes les revendications historiques du mouvement étudiant, préférant la méritocratie, les droits et devoirs ou la menace contre la gratuité de l’enseignement supérieur.

Pour Emmanuel Macron, la France est le pays au monde qui aide le plus les étudiant·es. Certes, la France constitue un cas singulier dans son action envers la jeunesse, mais pas dans le sens que revendique le Président de la République. En France, même majeur·e, le·la jeune n’est pas considéré·e comme adulte avant ses 25 ans. Cette familialisation des politiques publiques de jeunesse – qui se traduit par le fait qu’environ 50 % des aides à destination des 18-24 ans transitent par leurs parents – crée une situation de dépendance et d’insécurité sociale. L’accès aux études, à l’emploi et tout particulièrement au logement est alors corrélé à la situation d’origine du ou de la jeune, rendant toute émancipation impossible, ou du moins complexe.

Il est urgent de changer de paradigme en sortant d’un système d’aides sociales familialisé pour les jeunes, en consacrant un 4e âge de la vie qui serait celui de la jeunesse. Pour ce faire, notre système de retraites a de grandes leçons à nous apprendre, permettant à sa création de réduire drastiquement le taux de pauvreté de nos aînés. Il est temps de garantir à l’ensemble des jeunes en formation un revenu d’autonomie, de protéger mais aussi d’augmenter les aides personnalisées au logement. A nous de tracer le chemin pour une mise en sécurité sociale de la jeunesse et de nouveaux jours heureux, à la hauteur de nos enjeux et défis contemporains.

Le mal-logement, s’il concerne plus de 4 millions de Français·es selon la Fondation Abbé Pierre, semble toucher durement les étudiant·es et parmi elles et eux particulièrement les femmes, les étudiant·es étranger·es et les boursier·es. Ils et elles vont avoir tendance à subir et cumuler davantage les indicateurs et les situations de mal-logement. En croisant l’ensemble des données prises en compte dans le cadre de cette enquête, en cohérence avec les critères définis par l’INSEE, nous pouvons estimer à près de 50% le taux d’étudiant·es mal-logé·es lors de la rentrée universitaire 2023-2024.

Puisse ce dossier mettre en lumière la réalité de la condition étudiante en France en 2023. La précarité étudiante ne se résume pas aux distributions alimentaires organisées par les associations ou syndicats étudiants comme rustine à l’inaction du gouvernement. Il est temps de mettre des mots, des situations et des chiffres sur ces situations afin de porter les revendications des concerné·es et transformer durablement notre milieu et notre société.

L’Union étudiante se bat pour des conditions de vie et d’études dignes pour toutes et tous et revendique la mise en protection sociale de la jeunesse.

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