Véritable serpent de mer depuis plus de trois ans, la loi Lévi devrait enfin être mise en application en février pour fournir aux étudiant·es identifié·es en zones blanches une solution de restauration. Cependant, cette mesure ne va rien changer à la situation de précarité alimentaire des étudiant·es.
Lundi 25 novembre, nous avons appris par voie de presse que le ministre Patrick Hetzel souhaitait mettre en œuvre des cartes prépayées et dématérialisées pour que quelques 100 000 étudiant·es puissent accéder, soi-disant, à une offre de restauration à coût modéré. Avec un montant de 20€ pour les non boursier·es et de 40€ pour les boursier·es, cette mesure ne joue même pas le rôle d’une rustine. Les étudiant·es concerné·es devraient se débrouiller avec moins d’1€ par jour pour se nourrir. Or, on sait que plus d’un·e étudiant·e sur deux ne mange déjà pas à sa faim et saute des repas. En quoi une telle solution répondrait-elle à ce véritable problème de santé publique et aux enjeux liés à nos conditions matérielles ?
Cette fameuse carte pourrait ainsi être utilisée dans n’importe quelle supérette et ne garantit
aucunement l’accès à une restauration complète et équilibrée pour les étudiant·es. En cela, elle ne répond en rien au problème de précarité alimentaire que nous connaissons !
De plus, un certain nombre d’étudiant·es se retrouvent sur le bord du chemin, oubliés de ce dispositif et de la réflexion de la loi Lévi, à l’image des étudiant·es non universitaires comme les BTS, CPGE, ou encore les BUT.
A cela s’ajoutent les étudiant·es qui ne sont pas compris·es comme en zones blanches mais qui, en raison des rythmes étudiants inadaptés ou de précarité financière, n’ont ni les moyens ni le temps de se déplacer sur un site de restauration (dont un certain nombre est déjà largement saturé !) en théorie à moins de 20 minutes de leur lieu d’études.
L’Union étudiante alerte sur les impensés et l’insuffisance de ce dispositif, qui s’apparente
davantage à une opération de communication qu’à une réelle ambition pour lutter contre la précarité alimentaire. Nous plaidons pour :
- la création d’une sécurité sociale de l’alimentation pour toustes, garantissant un
budget alimentaire à la hauteur des besoins pour chacun·e - un investissement à hauteur des besoins dans le CROUS et la création de nouveaux sites de restauration, afin d’avoir un service public de proximité pouvant assurer une restauration étudiante, de qualité, complète et équilibrée
- l’augmentation en urgence du montant des bourses et de son nombre de bénéficiaires, et la mise en oeuvre dès la rentrée prochaine d’un revenu d’autonomie, à hauteur de 1216€/mois