L’annonce de la suspension de Mathias Vicherat de ses fonctions de directeur de Sciences Po, bien qu’insuffisante et tardive, confirme que la position que nous avons tenue depuis lundi dernier était la bonne : Mathias Vicherat ne pouvait pas, étant donnée la gravité des accusations portées contre lui, décemment demeurer à la tête de notre école. Nous regrettons cependant que, sans la mobilisation des étudiant·e·s et l’émoi légitime de toutes celles et ceux qui ont jugé impossible qu’il reste en poste, cette décision ne serait sans doute pas intervenue.
Si nous saluons naturellement cette décision, elle ne saurait pour autant résoudre à la crise majeure que traverse actuellement l’institution. À présent, Mathias Vicherat doit faire preuve d’exemplarité et prendre ses responsabilités en présentant sa démission. Les allégations de violence conjugale portées contre lui étant totalement incompatibles avec les principes revendiqués par notre école ainsi que son rôle dans le traitement des cas de violences sexistes et sexuelles, la confiance est durablement rompue entre la direction de Sciences Po et la communauté étudiante.
La communication ambiguë et lacunaire du directeur, reléguant la question des violences sexuelles et sexistes à la sphère privée, n’a en rien contribué à rétablir sa crédibilité auprès des étudiant·e·s.
La transition vers une nouvelle direction doit être rapide afin de restaurer la stabilité de l’institution, rétablir le lien de confiance avec les étudiant·e·s et rompre définitivement avec les scandales à répétition. Cependant, les erreurs de l’affaire Mion-Duhamel ne doivent pas être reproduites : il serait impensable qu’une fois de plus, tout change pour qu’au final rien ne change.
Le seul changement de directeur·rice ne suffira pas à résoudre les maux structurels dont souffrent Sciences Po. Ainsi, c’est une réforme urgente et radicale qui s’impose dorénavant en matière de gouvernance, notamment une collégialité accrue de la direction, avec une prise de décision plus horizontale, celle-ci étant aujourd’hui trop centralisée entre les mains du directeur, une meilleure représentation des communautés des salarié·e·s, enseignant·e·s et étudiant·e·s au Conseil d’Administration, la mise en place de procédures claires pour le retrait des dirigeant·e·s de l’institution, entre autres. Nous veillerons activement à ce que la direction par intérim se déroule dans les meilleures conditions possibles.
Sciences Po a par ailleurs la responsabilité et l’obligation de mettre en œuvre des actions concrètes dans la prévention des violences, la protection et le soutien aux victimes et la sanction des coupables. Cela passe notamment par une réforme des statuts afin de permettre une mise en retrait systématique de toute personne accusée de VSS, le renforcement des moyens d’accompagnement des victimes de VSS à Sciences Po et de la CEIP afin de réduire les délais des enquêtes ou encore des sanctions plus fermes. Les réformes à venir doivent aller au-delà de la simple réponse à une crise ; elles doivent incarner une volonté permanente de lutter contre les VSS et d’instaurer un environnement accueillant, émancipateur, protecteur et respectueux pour chacun·e. L’Union Étudiante continuera à être présente sur tous les terrains pour lutter contre l’impunité des agresseurs. Cette démarche s’inscrit en cohérence avec d’autres combats menés par les étudiant·e·s, notamment pour une école véritablement inclusive.