L’Union étudiante déploie ses tentes partout en France pour alerter sur le mal-logement étudiant

Lundi 25 septembre, à Lille comme à Bordeaux, des tentes ont commencé à fleurir sur les campus universitaires. Alors que ces deux villes sont particulièrement touchées par la crise du logement étudiant qui a explosé en cette rentrée, des syndicalistes de l’Union étudiante ont commencé à organiser des collectifs de mal-logé·es. Face à cette situation, ils et elles ont décidé de tirer la sonnette d’alarme en campant sur leurs lieux d’études pour revendiquer des conditions d’études et de vie dignes. Durant toute la semaine, à Paris, Toulouse, Rennes, Caen, Montpellier ou encore Grenoble, les étudiant·es sont passé·es à l’offensive.

Expulsions dans les Crous, étudiant·es au camping et précarité explosive : la condition étudiante est particulièrement mise à l’agenda médiatique en cette rentrée. Pour cause, sur le terrain, les cas d’étudiant·es en difficulté ne cessent de s’accumuler.

Cette année, à la suite d’une augmentation des charges sur l’électricité de 10% en août et d’une hausse généralisée des loyers, les étudiant·es sont de plus en plus nombreux·ses à se retrouver dans des situations de mal-logement – préférant souvent faire impasse sur la salubrité ou l’isolation de leur chambre plutôt que sur son coût – voire à se retrouver sans-logement. 

Carte illustrant les augmentations de loyers

Alors que le logement est aujourd’hui la principale dépense d’un·e étudiant·e, puisqu’il s’agit de 56% de son budget mensuel, les étudiant·es ne cessent de s’enfoncer dans une précarité, qui n’est pas que financière ou alimentaire.Le temps n’est plus ni aux concertations sans cesse repoussées sur la réforme des bourses, ni à l’attente d’un rapport Lioger sur le logement étudiant qui ne sortira jamais – des aveux même de la ministre Sylvie Retailleau.

L’Union étudiante a organisé des campements devant les sites universitaires mais aussi devant les lieux de pouvoir, comme à l’Assemblée nationale ce mardi 26 septembre afin d’interpeller directement la représentation nationale et la ministre de l’Enseignement supérieur, qui n’a répondu qu’avec mépris aux demandes d’annonces sur le logement étudiant, arguant qu’elle ne possédait pas de “baguette magique”.

Il n’est plus possible de fermer les yeux sur la précarité étudiante ou de pouvoir décemment regarder ailleurs. L’Union étudiante et ses syndicats locaux campent sur leurs positions et revendiquent :

  • La mise en place d’un revenu d’autonomie de 1128 € pour toutes et tous, pour que plus aucun·e étudiant·e ne vive sous le seuil de pauvreté
  • Un plan de construction de 150 000 logements Crous à court terme et de 600 000 logements à terme
  • L’augmentation de 100€ des APL pour les moins de 26 ans

Quel est l’état du mal-logement étudiant en France, en 2023 ? l’union étudiante mène l’enquête

Depuis le 25 septembre, l’Union étudiante et ses syndicats locaux lancent une campagne contre le mal-logement et contre la précarité étudiante auprès des étudiant·es sur l’ensemble du territoire.

Alors qu’en France, le budget annuel des aides directes pour les 3 millions d’étudiant·es s’élève à 2,4 milliards d’euros, les cadeaux fiscaux aux 3 millions de millionnaires est dix fois plus élevé, soit 24 milliards selon le dernier rapport d’Oxfam.

Pourtant, à en croire les discours du Président de la République ou de son gouvernement, les étudiant·es seraient des assisté·es, à qui l’on donne déjà trop. Pourtant, être étudiant·e en 2023, c’est être précaire. Les files aux distributions alimentaires ont d’ores et déjà repris, s’allongeant toujours plus, comme celles pour se rendre aux restaurants universitaires.

Les étudiant·es sont encore plus nombreux·ses que l’année passée à ne pas trouver de logement, faute de places et de moyens dans le service public du Crous et d’aides insuffisantes pour survivre chaque mois.

Si la précarité étudiante est visible sous son prisme alimentaire, on sait moins comment vivent les étudiant·es et où ils et elles dorment. La dernière étude menée date ainsi de 2014. L’Union étudiante a lancé ce lundi, en ligne mais aussi par questionnaire sur l’ensemble des universités du territoire, une enquête auprès des étudiant·es afin de connaître leurs conditions de logement et pouvoir objectiver cette situation. Si Macron et son gouvernement refusent d’agir et d’investir dans la jeunesse, nous les y contraindront.

Les résultats de notre enquête seront rendus publics d’ici la fin décembre 2023, dans une période que l’on sait charnière pour les étudiant·es et leurs conditions matérielles, puisque la population étudiante est tout particulièrement exposée au phénomène de précarité énergétique, puisque pour les 18-24 ans – un public majoritairement composé d’étudiant·es (74,7% selon l’Insee) – ce chiffre augmente significativement pour atteindre quasiment les 30%.